DE LA TERRE DANS LES OREILLES

DOUAR E-BARZH AN DIVSKOUARN

 

La terre. Étendue de nos pas. Larges épaules qui supportent le monde. Souvent, dit-on « je vais à la mer » mais jamais « je vais à la terre », alors que nous y sommes chaque jour. Éclectique, immense et invisible elle a mille visages, la terre. Des cimes aux galets, elle nous infuse, s’éloigne et revient toujours. Renouvelée constamment de son vivant, elle coule dans nos veines.

Après avoir joué sur le sable (13 plumes) et dans les méandres de l’estuaire (graines de mémoire), depuis 2017, les artistes invités par l’Image qui parle se sont frottés à la terre. Cette fois-ci, c’est une équipe de 5 collecteurs de paroles qui a été constituée : Patricia Le CalvezFrédéric LépinayVincent LhoutellierNelly Sabbagh et Tiphany Salza.

Notre curiosité nous a poussé dans la campagneÀ travers champs, au comptoir des cafés, sur les gradins des stades, dans les ateliers d’artisans, à l’approche des animaux sauvages, en récoltant des légumes, nous avons rencontré un autre paysage. Les habitant·e·s des terres nous ont raconté leurs quotidiens, leurs plaisirs, leurs tourments et leurs désirs. Ils se sont racontés en histoires qui témoignent d’un monde à découvrir sous forme de POMs (Petits Objets Multimédias) faits d’images et de sons collectés à leurs côtés. 

« Ça va être « mon » mur,... c’est sûr qu’il n’y en aura pasdeux comme ça, c’est impossible ! » Laurence

« Il ne faudrait pas que ça aille trop loin ou trop vite, je ne saurais pas équilibrer ça. » Dom

« J’ai besoin de concret, d’efficacité, c’est pas du jardin, il y a des salaires à sortir. » Stéphane

« Quand j’étais chaud là, un peu chaud, c’était un oiseau qui me fascinait, un crime passionnel, il fallait que je les ai dans les mains. » Pierre

« C’etait pas la mode comme maintenant. On était trop... trop peureuses. » Christiane

Nous espérons qu’il y ait, pour celles et ceux qui voyagent avec « de la terre dans les oreilles », de la joie à découvrir, à pouvoir croiser les paroles des un·e·s et des autres, à composer (goulûment ou calmement) un tableau de plus en plus dense, des dialogues électrisant entre les POMs. Nous espérons que vous y trouviez des interférences fertiles et de la joie à composer ensemble sur ce bout de terre.

PS : Merci à toutes celles et tous ceux qui nous ont raconté comment elles et ils foulaient cette terre et nous ont permis d’y commencer notre propre chemin. 

La carte et les portraits des récoltant.e.s ont été réalisés par Fred Lépinay.